Le mariage civil est un acte juridique qui requiert en principe la pleine capacité juridique des époux. Cependant, une autorisation de mariage est parfois possible pour permettre aux mineurs et aux majeurs protégés de se marier.
Autorisation de mariage pour un mineur de moins de 18 ans
En principe, seules les personnes majeures peuvent se marier. En effet, le mariage est un acte juridique qui emporte des conséquences lourdes, en matière d'avantages mais aussi d'obligations.
Néanmoins, le mariage d'une personne mineure peut être autorisé sous certaines conditions. Le mineur, pour se marier, doit obtenir :
- l'autorisation de mariage exceptionnelle du procureur de la République du lieu de célébration du mariage – cette autorisation est accordée pour des motifs graves (exemple : femme enceinte) ;
- le consentement de ses père et mère – en cas de dissentiment entre les deux parents, de décès ou de disparition de l'un d'eux, le consentement d'un seul vaut autorisation.
Bon à savoir : dans l'hypothèse où les deux parents sont morts ou disparus, le consentement des aïeuls – ou, à défaut, du conseil de famille – doit être obtenu dans les mêmes conditions ; l'absence de ce consentement est sanctionnée par la nullité du mariage.
Le consentement des ascendants – ou, à défaut, du conseil de famille – est enregistré sous forme d'acte authentique par un notaire ou un officier d'état civil. Cet acte doit être joint au dossier de mariage du mineur. Il figure en outre sur l'acte de mariage du mineur.
Bon à savoir : le simulateur « Quels documents vous faut-il pour vous marier ? » permet de constituer la liste des documents à présenter à la mairie du lieu de mariage.
Malgré l'obligation de consentement des ascendants de l'époux mineur, l'audition préalable au mariage se fait hors la présence de ces ascendants.
Bon à savoir : le mariage d'un mineur émancipé doit être autorisé dans les mêmes conditions que celui d'un mineur non émancipé ; par ailleurs, le mariage d'un mineur de plus de 16 ans entraîne son émancipation de plein droit.
Autorisation de mariage pour un majeur protégé
En principe, seules les personnes jouissant de leur pleine capacité juridique sont autorisées à se marier.
Avant le 25 mars 2019 :
- le majeur placé sous tutelle devait obtenir le consentement du juge des tutelles ou, le cas échéant, du conseil de famille ;
- le majeur placé sous curatelle devait obtenir le consentement du juge des tutelles ou du curateur.
Les fonctions de juge des tutelles des majeurs sont assurées depuis le 1er janvier 2020 par le juge des contentieux de la protection, qui est un juge spécialisé du tribunal judiciaire ou du tribunal de proximité (article L213-4-1 du Code de l’organisation judiciaire).
La loi 2019-222 n° 2019-222 du 23 mars 2019 est venue réécrire l’article 460 du Code civil pour donner plus de place à la volonté du majeur protégé. Désormais, la personne vulnérable informe seulement par avance son tuteur ou son curateur de son projet. Ceux-ci peuvent s'y opposer, sous le contrôle du juge, s'ils estiment qu'il existe un risque pour la personne protégée. Les futurs époux justifient ensuite à l’officier de l’état civil de l’information faite à la personne chargée de la protection au moyen d’une attestation.
Bon à savoir : l'autorisation du médecin traitant n'est plus nécessaire depuis 2009.
Le majeur protégé doit être assisté lors de l'éventuelle conclusion d'un contrat de mariage. L’article 1399 du Code civil autorise même la personne chargée de la mesure de protection à saisir le juge afin qu’il l’autorise à conclure seule un contrat de mariage en vue de préserver les intérêts du majeur protégé.
Bon à savoir : le changement de contrat de mariage et les donations entre époux sont soumis à autorisation.
Rôle du juge pour le mariage d'un majeur protégé
Compte tenu de ses effets juridiques graves, le mariage fait partie, au même titre que le testament, des actes encadrés par la loi de réforme de la protection des majeurs du 5 mars 2007.
Le majeur protégé peut aujourd'hui se marier sans demander l'autorisation préalable du juge. Il doit cependant informer au préalable la personne chargée de sa protection. Le curateur ou le tuteur peut former opposition au mariage du majeur protégé qu’il assiste ou qu'il représente, sans motif particulier (nouvel article 175 du Code civil). Cette opposition ne peut être levée que par le juge des contentieux de la protection (ex-juge des tutelles).
Bon à savoir : selon une jurisprudence constante, les juges confirment régulièrement le refus du mariage du majeur protégé pour motiver la désignation d'un tuteur professionnel (mandataire judiciaire), extérieur à la famille, afin de préserver les intérêts dudit majeur protégé ; la finalité de la mesure vise l’intérêt de la personne sous tutelle et la recherche de sa réelle volonté.
Il convient de retenir que le principe de la primauté familiale pour le choix du tuteur s'exerce de moins en moins, l'exercice de la tutelle étant de préférence désormais confié à un tuteur professionnel dans le but de sauvegarder les intérêts du majeur protégé.
La loi du 5 mars 2007 réformant la protection juridique des majeurs impose de respecter trois piliers des droits de l'Homme :
- les libertés individuelles ;
- les droits fondamentaux ;
- la dignité de la personne.
Le législateur a cherché à protéger les libertés individuelles et les droits fondamentaux des majeurs sous protection.
Principes légaux à respecter
Quelle que soit la mesure de protection (sauvegarde de justice, curatelle, tutelle, mandat de protection future), la loi impose que le majeur protégé puisse prendre lui-même « les décisions touchant à sa personne » (article 459 alinéa 1er du Code civil).
Le majeur sous protection doit parallèlement être parfaitement informé, selon les dispositions de l'article 457-1 du Code civil, de « sa situation personnelle, les actes concernés, leur utilité, leur degré d’urgence, leurs effets et les conséquences d’un refus de sa part ». Cette information doit être parfaitement explicitée (et adaptée au majeur protégé) par la personne qui est chargée de l'exercice de la protection.
Liberté de contracter
Même si une personne sous curatelle ou placée sous le régime de la tutelle peut librement se marier, la loi entend protéger spécialement le majeur sous curatelle des effets d'une union non consentie.
Le défaut d'autorisation préalable du curateur pour le majeur placé sous le régime de la curatelle, ou du juge des contentieux de la protection (ex-juge des tutelles) pour ce même majeur, ou pour celui sous tutelle équivaut à un défaut de consentement, lequel doit être préalable à la célébration du mariage.Bon à savoir : quel que soit le régime de protection, le consentement à mariage doit être conforme aux intérêts de la personne protégée, et c'est ce qu'a rappelé le Conseil constitutionnel dans une décision rendue le 29 juin 2012 quant à la constitutionnalité de la nécessité de l'autorisation du curateur pour se marier (Question prioritaire de constitutionnalité n° 2012-260) ; les juges ont ainsi tranché : « Eu égard aux obligations personnelles et patrimoniales qui en résultent, le mariage est un acte important de la vie civile. Aussi, en subordonnant le mariage d'une personne en curatelle à l'autorisation du curateur ou à défaut à celle du juge, le législateur n'a pas privé la liberté du mariage de garanties légales. Les restrictions dont il a accompagné son exercice, afin de protéger les intérêts de la personne, n'ont pas porté à cette liberté une atteinte disproportionnée. » Suite à la loi n° 2019-222 du 23 mars 2019, cette autorisation préalable a cependant été supprimée.
Motifs d'opposition à mariage du majeur protégé
La 3e chambre civile de la cour d'appel de Nancy a rendu le 24 mai 2013 son verdict sur lequel les juges appuient leurs décisions. Voici le contexte résumé :
- Une personne a été placée sous mesure de protection dès sa majorité en raison d'une déficience intellectuelle et d'une très forte influençabilité. Le médecin expert chargé de procéder à un examen dans le cadre du renouvellement de la mesure a indiqué, le 15 décembre 2011, « l'existence de difficultés décisionnelles par insuffisance de connaissance et de difficultés intellectuelles […] ».
- Sur le plan personnel, la situation de cette personne se caractérise par une forte instabilité sentimentale : elle est notamment la mère de 5 enfants issus de pères différents.
Les juges de la cour d'appel ont considéré, au vu des faits, qu'il s'agissait « d'éléments caractérisant la non-conformité de ce projet de mariage aux intérêts de la majeure protégée ».
Aussi dans la rubrique :
Qui peut se marier ?
Sommaire
- Avant de se lancer
- Conditions liées à la personne qui se marie
- Interdits
- Mariages non reconnus
- Cas du remariage
- Mariage à l'étranger ou avec un étranger
- Opposition à mariage