Mariage et nom sont intimement liés. En effet, le mariage a des conséquences sur le nom de famille des époux et de leurs enfants.
Mariage et nom d'usage des époux
Le mariage n'entraîne aucun changement de nom. Les époux conservent respectivement leur nom de famille de naissance ; toutefois, ils ont un droit d'usage sur le nom de leur conjoint.
Choix du nom d'usage
Chacun des époux peut choisir comme nom d'usage :
- soit son nom actuel uniquement ;
- soit le nom de son conjoint uniquement ;
- soit son propre nom accolé à celui de son conjoint dans l'ordre souhaité, avec ou sans tiret.
Bon à savoir : les époux peuvent faire ajouter le nom de leur conjoint sur les documents officiels (carte d'identité, permis de conduire), mais ils conservent leur nom de naissance pour la conclusion de tout acte officiel.
Sort du droit d'usage en cas de dissolution du mariage
En fonction du type de dissolution, le droit d'usage du nom peut être modifié :
- Divorce – perte du droit d'usage sauf :
- accord de l'époux pour le maintien du droit ;
- intérêt légitime de l'époux (profession habituellement exercée sous le nom du conjoint, présence d'enfants).
- Décès – maintien du droit d'usage.
- Remariage – perte définitive du droit d'usage.
Divorce et nom d'usage des époux
Possibilité de conserver son nom d'usage après le divorce
Avec l'accord du conjoint divorcé
L'époux divorcé titulaire du nom doit donner son accord pour que son ex-conjoint utilise son nom. Son autorisation est donnée par écrit pour une durée déterminée ou non, et parfois sous conditions.
Exemple : une épouse peut être autorisée à conserver le nom de son ex-mari jusqu'à la majorité des enfants dans l’intérêt des enfants, ou pour un intérêt professionnel pour une durée limitée. Ce droit étant temporaire, l’ex-épouse ne peut pas invoquer, au terme de la durée accordée, l’évolution de sa carrière pour conserver l’usage du patronyme de son ancien époux (Cass. 1re civ., 26 juin 2019, n° 18-19.320).
Bon à savoir : l'époux qui a donné son accord à un moment donné peut demander par la suite au juge aux affaires familiales de révoquer l'usage de son nom par son ex-conjoint.
Avec l'autorisation du juge en cas d'intérêt légitime
L'autorisation du juge impose, pour le conjoint demandeur, de justifier d'un « intérêt particulier pour [lui] ou pour ses enfants » selon les dispositions de l'article 264 du Code civil :
- intérêt en fonction de la durée du mariage ;
- intérêt pour les enfants mineurs ;
- intérêt en fonction de la reconnaissance professionnelle de l'époux demandeur (qui est connu par son entourage professionnel et ses clients depuis de longues années sous ce patronyme).
Cette autorisation n'a vocation à durer que tant que le conjoint qui en bénéficie n'est pas remarié : à cette date, en effet, elle devient caduque.
Procédure à suivre
L'autorisation d'utiliser le nom marital après un divorce doit expressément être mentionnée dans la convention de divorce :
- Elle peut être circonscrite dans son exercice.
Exemple : le nom marital peut seulement être utilisé à des fins professionnelles.
- Elle peut être limitée dans le temps.
Exemple : l'utilisation ne sera faite que jusqu'à la majorité des enfants ou jusqu'au remariage de l'époux qui utilise le nom marital.
La demande d'utilisation du nom marital doit être faite pendant la procédure de divorce et avant que le divorce soit définitivement prononcé. En effet, après le divorce, l’usage du nom marital étant perdu, aucun époux ne saurait s'en prévaloir.
Par ailleurs, si la personne divorcée qui a conservé l’usage du nom de son conjoint se remarie, le droit d’user de ce nom cesse. En effet, le remariage d’un époux divorcé met fin à l’autorisation antérieure d’usage du nom du premier conjoint. Quelques exceptions existent cependant :
- Lorsque la conservation du nom d’usage en cas de remariage est justifiée par un intérêt professionnel (TGI Paris, 3 septembre 1996).
- En cas de remariage d’un veuf ou d’une veuve, la conservation du nom d’usage permet à cette personne de continuer de porter le même nom que ses enfants issus du premier mariage. La conservation du nom d’usage est favorable aux enfants, déjà fragilisés par la perte de l’un de leurs parents (rép. min., JOAN du 14 mars 2023).
Abus à éviter
En pratique judiciaire, on parle d'usage abusif du nom marital dans ces situations :
- lorsque le nom marital est utilisé sans autorisation du conjoint ou du juge ;
- lorsque le conjoint qui bénéficie de cet usage ne respecte pas les conditions imposées par son ex-époux.
En conséquence, le conjoint qui a accordé le droit d'utiliser le nom marital peut alors intenter une action en responsabilité civile à l'encontre de son ex-époux. La sanction consiste en l'interdiction d'utiliser le nom marital, parfois sous astreinte et avec allocation de dommages et intérêts.
Mariage et nom de famille des enfants
Lors de la déclaration de naissance effectuée auprès de l'officier d'état civil, les parents choisissent ensemble le nom de famille de leur premier enfant.
Choix du nom de famille
Les parents peuvent donner à leur premier enfant, au choix :
- le nom du père ;
- le nom de la mère ;
- le nom des 2 parents, dans l'ordre qu'ils choisissent, séparés par un tiret.
Le choix du nom de famille de l'enfant aîné des époux vaut pour les cadets : tous les enfants portent le même nom de famille, issu du choix effectué lors de la déclaration de naissance du premier enfant. Sauf en cas d'intérêt légitime, il est irrévocable et ne pourra pas être changé.
Bon à savoir : en cas de désaccord sur le choix du nom, et si ce désaccord est signalé à l'officier de l'état civil par l'un des 2 parents, l'enfant prend le nom de ses 2 parents dans l'ordre alphabétique (dans la limite du 1er nom de famille de chacun d'eux).
Si les parents décident de ne donner qu'un seul nom patronymique à leur enfant (soit celui du père, soit celui de la mère), il est possible d'y adjoindre ultérieurement, en tant que nom d'usage, le nom du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Il n'y a pas de modification sur l'état civil. La décision d'adjonction du nom d'usage appartient à la personne qui exerce l'autorité parentale sur le mineur.
Bon à savoir : si l'autorité parentale est exercée conjointement par les deux parents, l'accord d'adjonction doit être donné par eux deux. En cas de désaccord ou s'il n'est pas possible d'obtenir l'accord des deux parents, il faut alors saisir le juge aux affaires familiales.
Depuis le 1er juillet 2022, tout majeur peut demander, une fois dans sa vie, à prendre, ou à ajouter le nom de son autre parent sans avoir à justifier de sa décision. La démarche s’effectue en mairie (loi n° 2022-301 du 2 mars 2022).
Par ailleurs, pour les enfants mineurs, il est possible pour l’enfant de porter, à titre d’usage, le nom de sa mère, soit en ne portant que le nom de la mère soit en l’ajoutant au nom de son père, soit en modifiant l’ordre des noms de famille. L’accord des 2 parents est nécessaire. À défaut, le juge aux affaires familiales peut être saisi.
Si l’autorité parentale est exercée par un seul parent, la modification du nom de l’enfant appartient au seul titulaire de l’autorité parentale. Si l’enfant a plus de 13 ans, son accord est requis. Il est possible pour un seul parent de décider d’ajouter à titre d’usage son nom de famille à celui de l’enfant en informant l’autre parent. En cas de désaccord, le juge aux affaires familiales peut être saisi.
Bon à savoir : le ministère de la Justice a publié un modèle d'accord parental relatif au nom d'usage de l'enfant mineur ainsi qu'un modèle de consentement du mineur de plus de 13 ans (circulaire NOR JUSC2215808C du 3 juin 2022).
Cas particulier : les enfants nés avant le 1er janvier 2005
Les enfants nés avant le 1er janvier 2005 ne bénéficient pas du dispositif du double nom : ils portent le nom du père. Toutefois, les époux peuvent désormais adjoindre le nom de famille de la mère à celui du père, dans l'ordre qu'ils choisissent.
Bon à savoir : le nom ainsi ajouté ne figure pas sur les actes de l'état civil ; c'est un nom d'usage et il n'est pas transmissible.
Transmission du double nom de famille
Les époux qui ont bénéficié, à leur naissance, du double nom de famille, et qui portent par conséquent le nom de leurs 2 parents accolés, ne peuvent transmettre à leurs enfants les 4 noms.
Ils donnent à leurs enfants, au choix :
- le double nom du père ;
- le double nom de la mère ;
- un des 2 noms du père et un des 2 noms de la mère ;
- un des 4 noms.
Voici un exemple.
En 2005, monsieur W et madame X donnent naissance à un garçon, ils choisissent de lui donner les 2 noms. De même, monsieur Y et madame Z donnent naissance à une fille à qui ils donnent les 2 noms.
En 2025, monsieur W-X et madame Y-Z se marient et donnent naissance à leur premier enfant, Albert. Albert pourra s'appeler, au choix de ses parents :
- Albert W-X ;
- Albert Y-Z ;
- Albert W-Y / Albert W-Z / Albert X-Y / Albert X-Z / Albert Y-W / Albert Y-X / Albert Z-W / Albert Z-X ;
- Albert W / Albert X / Albert Y / Albert Z.
Les frères et sœurs d'Albert porteront le même nom.
Bon à savoir : ce dispositif de dévolution du nom de famille paraît très laborieux ; il n'est pas assuré qu'il reste en place ainsi à long terme.
Aussi dans la rubrique :
Effets du mariage
Sommaire
- Effets personnels entre les époux
- Effets pécuniaires entre les époux
- Autres avantages